[RH] Comment reprendre sereinement son activité alors que les collaborateurs ont été impactés psychologiquement ?

Certains éprouvent le besoin de fêter les retrouvailles au travail et pourquoi pas d’organiser un petit déjeuner ou une soirée festive. L’idée est intéressante et ne rien prévoir serait étrange, mais organiser une grande fête, l’est tout autant notamment si certains collaborateurs sont en deuil. 

Il est important de solliciter l’avis des équipes au complet pour adapter ces retrouvailles suivant les situations de chacun. 

Cette « fête » (qui sera tout de même différente des habitudes, avec le respect des gestes barrières à maintenir) aura pour vocation à venir conclure une première étape, indispensable à la reprise :  

Un bilan commun : pour que tous s’expriment, employeurs et collaborateurs

  • De ce qui s’est bien passé durant la crise 
  • De ce qui a coincé 
  • De ce qui aurait été attendu 

Ce bilan doit permettre de tirer des leçons de cette expérience et de commencer dès à présent à se projeter, en déterminant des actions simples et concrètes à mettre en place de manière adaptée aux collaborateurs et à la direction. 

C’est aussi permettre à tous de s’écouter, témoigner et de réécrire ensemble une nouvelle histoire et peut-être en profiter pour se réinventer tous ensemble ; une manière élégante de se retrouver autour d’une vision partagée à laquelle chaque collaborateur aura contribué. On sait la puissance que l’implication et la responsabilisation de chacun apporte à chacune de ses décisions et actions à venir. 

Une bonne base pour redémarrer tous ensemble…mais n’oublions pas que chaque individu aura vécu cette distance sociale de manière différente. 

Il faudra alors prévoir également un temps de travail individuel.  

Un bilan individuel

En temps normal, dans le monde du travail, les risques psychosociaux sont dus à un mauvais stress, une surcharge de travail, un mauvais management… déclenchant des souffrances psychiques, physiques, démotivation ou encore des conflits. 

Aujourd’hui, cet épisode de confinement aura été vécu plus ou moins facilement par chaque individu. La reprise de l’activité va peut-être redémarrer sous tension : certaines entreprises seront en difficulté et une réorganisation va s’imposer pour essayer de relancer l’activité ou alors au contraire, l’entreprise devra répondre urgemment à des commandes et alors il faudra redémarrer sur les chapeaux de roues, quoi qu’il en soit, chaque personne en sera impactée directement. A ce moment-là, il ne faut pas négliger ces risques psychosociaux qui peuvent ressurgir à tout moment.  

Dès à présent, il faut protéger les salariés en leur permettant de s’exprimer sur leurs besoins et leurs émotions, et d’essayer au maximum de leur fournir les moyens efficaces pour les rendre résilients.  

Le Covid-19 nous a malgré nous mis en travail intérieur. Il a généré une revisite de nos pratiques, de notre organisation, de nos rêves et de nos projets.  

Il s’est axé sur 2 mouvements : 

  • Une prise de recul sur notre projet professionnel, notre carrière. Beaucoup de questions, qui aboutiront (l’avenir nous le dira) à réinventer sa vie professionnelle ou à la moduler. 
  • Une redécouverte de la vie en famille, de ses joies profondes, de sa fragilité aussi. Nous avons fabriqué ensemble des gâteaux, des cabanes de jardin, élaboré du lien en créant des groupes WhatsApp pour générer du collectif familial et amical. 

Cette crise nous a reconnecté avec la sphère personnelle qui était pourtant disponible, mais à laquelle nous accordions peut-être trop peu d’importance, pris dans l’agitation de notre quotidien. 

Ces 2 mouvements simultanés pourraient donner naissance à d’autres projets de vie. 

La GPEC : s’occuper des collaborateurs en quête de sens au travail

Dans cette crise mondiale, où l’on a parlé de danger de mort, ce temps de confinement a été propice pour certains à se questionner sur leur rôle professionnel, l’intérêt et la pertinence de leur métier. La question fondamentale du sens au travail va alors émerger plus significativement pour certains (Déjà présent chez les plus jeunes que l’on appelle la génération Z nés à partir de 1995, que l’on observe lors de leur recrutement). Il conviendra aux entreprises alors de traiter cette question au plus vite, en prévoyant des entretiens professionnels, pour préparer l’avenir et fidéliser leurs talents, par un parcours de carrière adapté au souhait d’évolution ou de réorientation professionnelle du collaborateur.  

Profiter de ces dernières semaines de confinement pour former ses équipes

De toutes les crises, mêmes les plus graves, émergent parfois des opportunités qui permettent de se préparer aux périodes qui vont suivre. Même s’ils ne l’ont pas voulu, beaucoup de salariés disposent aujourd’hui d’un espace de liberté concernant l’organisation de leur temps.  

Valoriser ce temps libre, en renforçant ses compétences permettra de se préparer à la sortie de la crise. 

Depuis la mise en place du compte personnel de formation (CPF), chaque salarié est acteur de son développement et de sa progression personnelle. Individuellement, chacun peut se saisir de toutes les opportunités de formations. De nombreux outils de e-learning aujourd’hui disponibles le permettent. 

Dans n’importe quel secteur d’activité, de nombreux dossiers en suspens seront à traiter, il faudra se préparer à résoudre des litiges, à rassurer sur la reprise progressive des activités et sur les délais de livraison. Dans ce contexte compliqué, savoir exprimer ses compétences en matière de relation client, de gestion de situations difficiles, de savoir-être fera toute la différence. Il est donc de la responsabilité des entreprises et de leurs collaborateurs d’anticiper dès maintenant ces différentes situations afin d’être des acteurs engagés de la reprise de l’activité économique.  

Comment ? Par une communication transparente des enjeux à venir auprès des collaborateurs, en développant la confiance, la responsabilisation de chacun, le développement de leur autonomie (par des échanges formels, informels, des feed-backs positifs, des formations pour développer des compétences…) pour que chacun soit impliqué dans son entreprise et ses résultats. La pérennité de l’entreprise servira la pérennité de leur emploi. 

En conclusion

Au-delà du drame sanitaire réel et des difficultés économiques considérables engendrées, le covid-19 apporte deux éclairages essentiels : 

  • Pour les collaborateurs : il leur a permis de confronter de nombreuses questions personnelles et professionnelles. 
  • Pour les organisations : il leur a permis de tester la robustesse de leur business model et d’être un accélérateur des pratiques qui ont imposé de nouvelles formes de collaboration quand cela était possible (Travail à distance, équipe virtuelle….)  

Dans les deux cas de figure (pour les entreprises qui auront pu mettre en place le télétravail), il faudra faire preuve d’humilité et de courage pour oser aborder toutes ces questions à la sortie de la crise. Peut-être alors qu’à ce moment-là, un regard externe, neutre, bienveillant et objectif pourrait être utile : auprès des proches, des collègues, d’un RH, d’un associé, et pourquoi pas d’un regard croisé avec un ou des représentants d’autres entreprises du même secteur d’activité par exemple … 

Écoute, partage, confiance, communication seront les clés pour se préparer au mieux à la reprise de l’activité économique et à éprouver à nouveau les joies de travailler ensemble.