Portrait : entreprendre dans l’art, la thérapie de Maryvonne

Créer son activité dans le domaine de l’art et s’en servir comme moyen de thérapie, c’est l’objectif que s’est donnée Maryvonne, qui a rejoint cette année, les porteurs de projet de notre Fabrique à Entreprendre !

Découvrez comme elle a fait de la création d’entreprise, un moyen pour rebondir et trouver du sens dans son travail.

Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?  

M.T. : Je suis Maryvonne Théoden, j’ai été styliste en décoration pendant plus de 26 ans, puis je suis tombée malade. J’ai fait une grave dépression suite à un bore out. Je me suis soignée pendant 1 an et demi, et quand j’ai commencé à aller mieux, à être rétablie, je me suis dit que je pouvais me servir de ce que j’avais vécu pour aider les autres. C’est à ce moment-là que j’ai voulu changer de métier pour l’aide à la personne en tant que Paire-aidant en psychiatrie.  

Puis, il y a eu le confinement et j’ai commencé à peindre pour moi. J’ai peint des choses qui m’ont permis de m’en sortir et au fil du temps, c’est devenu quelque chose qui m’a beaucoup plus et qui m’a donné envie de montrer mon travail. Tout d’abord, j’ai commencé à peindre des portraits de Sandra brie, qui sont des photos libres de droits, puis des personnes qui avaient des difficultés et ont fait preuve de résilience.  

Par la suite, j’ai eu envie de rencontrer des personnes qui avaient des difficultés similaires aux miennes afin de réaliser leurs portraits et c’est là que je me suis rapprochée d’un groupe d’entraide mutuelle (GEM). Je leur ai montré mon travail, et ils ont tout de suite apprécié. J’ai donc fait une série de plus de 20 portraits de personnes qui font partie de ce groupe, auquel j’ai par la suite adhéré. 

Cela m’a beaucoup plu et je me suis vite sentie bien à cet endroit. On peut avoir n’importe quel problème, il n’y a aucun jugement, on est moins isolé. Par exemple, actuellement avec le confinement, on a une dérogation pour y aller, car c’est un bien pour notre santé. Quand on a eu des problèmes comme moi, on se retrouve généralement seul, on souffre de solitude.  C’est pourquoi le GEM est un endroit important pour les personnes qui s’y retrouvent.  

Maintenant, je veux que mon travail serve à déstigmatiser toute formes d’exclusion. C’est quelque chose qui me tient à cœur. 

C’est une source de motivation pour ces personnes ? 

M.T. : Oui, tout à fait, j’ai commencé à montrer les portraits et les personnes étaient étonnées, contentes. Cela leur fait plaisir d’avoir leur portrait. Je fais des choses avec beaucoup de couleur, c’est assez gai, c’est très fort. Peindre le portrait de quelqu’un est valorisant, pour moi comme pour la personne qui le reçoit. 

Et de ce fait, quel est votre projet ?  

M.T. : Mon projet est de faire une exposition qui aura lieu à la Galerie frontière à Lille. Le but est de faire une série d’expositions des personnes du GEM avec les portraits que j’aurais peint, et ceux d’un photographe exposant des photos en noir et blanc.  

Le but de cette exposition est de lutter contre la stigmatisation des maladies psychiques. Cela servira à montrer qu’une personne malade ne diffère pas d’une autre personne. Tout le monde peut être touché. On a tous quelque chose de bien en nous et on ne peut pas pointer du doigt quelqu’un car un jour il a eu des problèmes dans sa vie. C’est pourquoi je veux réaliser ce type d’événement avec des expositions bien spécifiques. 

Quand pensez-vous que votre exposition pourra être réalisée ? 

M.T. : Normalement si tout se passe bien, cette exposition se déroule au mois de mai. Avec le confinement, ça sera plutôt mi-mai.  Actuellement, la galerie peut ouvrir sur rendez-vous avec un certain nombre de personnes, donc cela dépendra des décisions gouvernementales prises au mois de mai. 

Comment avez-vous connu la Fabrique à entreprendre ?  

M.T. : Cela s’est fait par hasard.  Je suis au minimum social, je touche les ASS et j’essayais de monter mon projet pour devenir artiste, auteure. À ce moment-là je regardais toutes les aides possibles dans les Hauts-de-France telle que la BGE et aussi la MiE du Roubaisis. Je me suis intéressée à la MiE et j’ai participé à une réunion d’information en visioconférence. Grâce à cette réunion, j’ai rencontré Magali Pourrat qui m’a donné tout un panel d’aides dans tous les domaines, avec beaucoup d’explications très claires. Cela m’a aidé à faire mes premiers pas.  

Magali m’a ensuite proposé de travailler avec deux autres personnes voulant être entrepreneures, Sylvie et Hassina, pour nous aider mutuellement à avancer dans nos projets. Nous nous sommes vues pendant 1 mois, toutes les semaines, ce qui m’a permis de bien avancer !  

Au début, j’étais très pragmatique, en me posant les questions « Comment je dois faire ? », Comment gérer le timing ? ». Alors qu’au contraire, ce qui est intéressant avec le groupe de travail, c’est qu’on a beaucoup travaillé sur nous-même, à concilier ce projet avec notre vie personnelle et cela m’a aidé à être plus à l’aise, à mieux savoir comment j’allais faire et à être plus sûre de moi.  

Ce groupe de travail s’est tellement bien passé que maintenant nous continuons de nous voir à la Fabrik by MiE toutes les semaines.  

Avec la Fabrique à Entreprendre, j’ai également eu le point de vue de Magali qui m’a donné d’autres idées et m’a permis d’avoir d’autres points de vue sur mon travail. Le travail avec la Fabrique à Entreprendre m’a vraiment aidé. Beaucoup plus que je ne l’aurais pensais. De plus, nous pouvons accéder très facilement à l’espace La Fabrik by MiE pour travailler notre projet et je pense que c’est grâce à cela que j’ai envie de continuer pour que ce projet devienne une activité à temps plein.

Portrait réalisé par Maryvonne